mercredi 25 décembre 2013

You're sitting there with so much more: Les garçons et Guillaume, à table! (Guillaume Gallienne, 2013)




J'adore Guillaume Gallienne. 

J'avais, comme tout le monde, remarqué son génie pour incarner des personnages féminins à la foi crédibles (pas limités à des caricatures, donc) et drôlement bien croqués. Dans ses fameux Bonus de Guillaume, programmes courts diffusés dans l'émission "Le Grand Journal" sur Canal +, il réinventait les essais ou les scènes coupées de Peau d'âne, Harry Potter, Brokeback Mountain ou encore Mary Poppins, faisant souvent intervenir au passage son personnage récurrent de Gabrielle Chateckel, agent artistique impérieuse et stressée. J'avais également noté avec surprise que Gallienne était mentionné au générique comme étant "sociétaire de la Comédie Française" - jusque-là j'avais toujours considéré cette vénérable institution comme étant trop guindée pour abriter un authentique fantaisiste, et à plus forte raison pour le laisser s'ébattre à la télévision. Enfin, je connaissais de lui l'infatigable lecteur nocturne de l'émission radiophonique Ça peut pas faire de mal (France Inter) dont les souples intonations m'accompagnaient pendant les nuits d'insomnie.



Dans Les garçons et Guillaume, à table!, qui est une adaptation de son propre one-man show, Gallienne s'attaque frontalement à l'origine douce-amère de la part de féminité qui a fait de lui un portraitiste si précis. Pour ce faire il lui revient de jouer non seulement son propre rôle mais aussi celui de sa mère, grande bourgeoise cassante dont l'affection totalitaire troubla pour longtemps l'identité de son fils, le persuadant (et persuadant tout le monde autour de lui) que s'il n'était pas une fille il était, au minimum, gay. 



Faire le pitre avec élégance n'est pas donné à tout le monde, et trouver le juste équilibre entre l'auto-dérision et la tendresse, surtout lorsque l'on donne à voir quelque chose de soi, est délicat. Le film est souvent réduit à une enfilade de (jolies) vignettes sur la découverte de soi et de sa sexualité, entremêlée de sketches diversement réussis (oui à la recréation semi-fantasmée d'une scène de Sissi où il incarne à la fois la future impératrice et sa mère, non à l'administration d'un lavement par Diane Kruger). 





Néanmoins la sincérité du propos l'emporte et l'émotion se fraye un chemin à plus d'une reprise: l'énergie que Gallienne met à nous représenter son cheminement sous un jour comique ne peut cacher totalement la souffrance très réelle qui fut la sienne, ni gommer tout à fait l'égoïsme et l'inconscience de sa mère. On ressort en se disant que, maintenant qu'il a fini de sortir de sa chrysalide, Guillaume Gallienne a la vie, et sans doute une formidable carrière d'acteur, devant lui.


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